Shoe prototype, motifs from self-hybridization between women, 2022 Prototype de chaussures, motifs tirés des self-hybridation entre femmes
New OMICS Building, Pasteur Institute, Artistic intervention, invitation as part of the ORGANOÏDE by Fabrice Hyber, “ORLAN’S PHASING”, 2018 Nouveaux Bâtiments OMICS, Institut PASTEUR, intervention artistique, invitation dans le cadre de l’ORGANOÏDE de Fabrice Hyber, “LES PHAGES D’ORLAN”
Après son exposition Le boeuf sur la langue (2010), ORLAN a eu le plaisir d’être invitée dans le projet ORGANOÏDE créé par son ami et académicien Fabrice Hyber et Olivier Schwartz. Il s’agit d’une banque de données d’images réalisées par des artistes pour accompagner les recherches scientifiques de l’Institut Pasteur.
Dans le cadre de ce projet, elle a eu l’opportunité de collaborer avec le chercheur Shahragim Tajbakhsh, responsable et expert de l’unité Cellules souches et développement dont ORLAN est passionnée.
Après avoir longuement discuté avec lui, elle a voulu travailler avec ses propres cellules souches, et elle a proposé à l’Institut Pasteur un projet allant dans ce sens, qui a été refusé par le comité éthique car il est interdit en France de travailler avec ces propres cellules. Comme quoi, le corps et son utilisation est politique et social. Notre corps ne nous appartient pas.
Finalement, l’Institut Pasteur, par l’intermédiaire de Fabrice Hyber, lui a proposé d’intervenir artistiquement dans leurs nouveaux bâtiments, OMICS, au sein du hall des bâtiments Simone Veil et Alexandre Yersin.
ORLAN a réalisé un environnement complet à partir d’images très colorées de ses cellules et de virus comme dans Le bœuf sur la langue, mais dans une autre version. Les mots inclus dans ces images très colorées arlequinoïdes étaient par exemple le mot « rage », « pasteurella pestis », « vaccin », ou encore « chercheuse », terme qu’ORLAN apprécie beaucoup car il souligne la féminisation des noms de métiers, alors que Marie Curie a beaucoup souffert en tant que femme d’être chercheuse parmi les chercheurs.
Les images ont été installées dans des caissons lumineux et sur un revêtement de sol, sur et en dessous de gradins et sur des tables rondes hautes recouvertes de cet imprimé. Le point final étant un très grand tondo, installé en haut sur le mur blanc en face des gradins.
TWO BAROQUE FINGERS FOR A BEAUTIFUL HAND, Solid silver ring, 4,3 x 6 x 3,2 cm, Limited edition of 12, 2015 DEUX DOIGTS BAROQUE POUR UNE BELLE MAIN, Bague en argent massif, 4,3 x 6 x 3,2 cm, Édition de 12
A Beef On The Tongue, Nantes’ Fine Arts Museum, Oratory Chapel, France, 2010 Un Boeuf Sur La Langue, Musée des Beaux Arts de Nantes, Chapelle de l’Oratoire, France
En 2010, ORLAN a élaboré l’exposition Un boeuf sur la langue, pour laquelle elle a créé un velours de soie imprimé par les établissements de soierie Brochier avec un dessin montrant virus, phages, cellules de sang, de peau et de muscle, presque uniquement pour le plaisir de toucher et de voir cette matière très vibratoire, très picturale avec laquelle elle a créé des sièges, des robes, des œuvres et des espaces imitant des vitraux.
Ces robes habillaient des mannequins noirs et étaient noires de dos, mais très colorées de face. Les meubles étaient notamment composés d’une table avec un plateau tournant et d’un très grand banc semi circulaire composé de tabourets sur roulettes s’interpénétrant, banc sur lequel le public s’est assis lors des multiples discussions organisées au cours de l’exposition au sujet des mots figurants dans l’espace. Les participants pouvaient soit rester dans la conversation de manière collective, soit faire rouler leur siège et se détacher du groupe et la parole redevenait individuelle.
Le concept de l’exposition reposait sur le mélange du design, de la mode, de l’art, de la sculpture, des textes et de l’imagerie médicale dans un même lieu, le musée des Beaux-Arts de Nantes.
En entrant dans l’installation, tout était noir et on ne comprenait pas ce que les mannequins tenaient. L’ambiance était lourde, inquisitionnelle, presque morbide. En avançant dans la chapelle de l’oratoire, petit à petit il était possible de lire les textes comme « dire », « athée », « sur-femme », symbiotique »… Et, en même temps, voir le devant des vêtements fabriqués avec ce velours de soie très coloré, comme une arlequinade.
Suture-Hybridization-Recycling, Espacio Artes Visuales, Murcia, Spain, 2009 Suture-Hybridation-Recyclage, Espacio Artes Visuales, Murcia, Spain
On peut lire pratiquement toute l’œuvre d’ORLAN à travers le prisme de la robe, du costume ou du travestissement. Le vêtement est pour l’artiste une meilleure interface que la peau. On ne choisit pas sa peau, mais grâce au vêtement, on peut se créer une seconde peau, une carte de visite au plus proche de ce que l’on est, de l’image qu’on veut produire, de sa culture, de ses goûts se construire sa carte de visite et ce que l’on veut être.
ORLAN réalise en 2009 l’installation Suture-Hybridation-Recyclage dans laquelle elle hybride sa garde-robe suivant un même protocole avec David Delfin, Maroussia Rebecq et Agatha Ruiz de la Prada en leur demandant de trouver un moyen d’assembler deux de ses vêtements différents pour faire se rapprocher des temps, des matériaux, des stylistes et des moments de son histoire. Maroussia Rebecq a coupé deux vêtements et mis un petit lacet jaune fluo pour les rassembler, David Delfin a mis des rubans pleins d’agrafes, permettant de pouvoir les désolidariser et de les raccrocher à un autre vêtement créant ainsi une hybridation ou plutôt un assemblage temporaire et des hybridations multiples mouvantes.
Agatha Ruiz de la Prada, quant à elle, a proposé une solution plus radicale. Elle a soigneusement sélectionné dans son musée de très belles robes, les a coupées en deux et a scindé les vêtements d’ORLAN en deux à partir de la taille et les a assemblés.
Ainsi, chaque robe était recomposée avec une moitié de la robe d’Agatha Ruiz de la Prada, et une moitié des robes de la garde robe d’ORLAN dont je ne connais pas forcément le styliste. ORLAN a gardé depuis l’adolescence toute sa garde-robe.
Dressed in One’s Own Nudity, Caldas da Rainha, Portugal, 1976-77 S’habiller de sa propre nudité, Caldas da Rainha, Portugal
Dans la performance S’habiller de sa propre nudité (1976-77), ORLAN est vêtue d’une photographie de son corps nu sous forme de robe en toile photographique la recouvrant entièrement et se promène dans des jardins publics au Portugal.
Des policiers ont voulus la verbaliser pour exhibitionnisme, mais c’était impossible car ORLAN était habillée des pieds au cou et avait dans son sac ses papiers d’identités.
Dans l’espace public, les autres sont confrontés à la représentation de sa nudité, sans qu’elle soit effectivement nue. ORLAN met en évidence ce même écart dans la vie publique où les autres se représentent plutôt qu’ils ne se présentent. En ce sens, la performance agit sur l’espace réel en perturbant la relation à l’autre, en rendant la rencontre critique. ORLAN cherche à se rapprocher de l’environnement, des objets qui sont des médiateurs pour la rencontre avec l’autre et à créer en mettant à mal la loi et en la déreglant sans que l’on puisse la condamner.