Intelligence artificielle

Actuellement, ORLAN hybride l’Intelligence ARTistique et l’Intelligence ARTificielle. 

Léo Blondel a conçu Alias, une plateforme innovante de génération d’IA personnelle pour générer des œuvres à partir des séries d’ORLAN. Alias est un lieu où vous pouvez transformer votre expression artistique réelle en modèles d’IA générative uniques, chacun connu sous le nom d’Alias. 

Grâce à cette IA personnelle, ORLAN peut mettre en jeu de précédentes séries avec une nouvelle grille de lecture les inscrivant dans ce nouveau phénomène de société qu’est l’IA.
Le public peut acheter des crédits pour générer des images ce qui remet en question le statut du spectateur, de l’artiste et de l’œuvre d’art. 

Le regardeur ne fait plus l’œuvre, il s’investit dans le corps de l’œuvre.
Cette IA ORLANesque générative permet au public de créer des images selon un corpus et un protocole précis mis en place par ORLAN rendant le processus de création intéractif réalisant le “je sommes” dit par ORLAN à la place de “je suis”. 

Il en résulte cinq nouvelles séries en work in progress.

ORLAN a décidé de composer des œuvres abstraites géométriques (1971-1974) qu’elle a exécuté au pistolet sur laminé blanc avec des systèmes de réserves pour créer des œuvres extrêmement brillantes, laquées comme un miroir dans lequel le public se reflette.

En contrepoint à la pratique plastique de son époque, ORLAN voulait créer des représentations sans utiliser de pinceau, un outil si commun, si traditionnel, si utilisé par les hommes inscrivant le corps, le geste, la matière ! 

C’est de la peinture abstraite géométrique, industrielle, sans poil de pinceau, sans matière épaisse, sans la “belle main”. Il n’y a pas la moindre trace de corps, mais c’est tout de même le regardeur qui fini l’œuvre ! Lorsqu’il passe devant et observe la peinture, il peut en même temps s’apercevoir dedans.

Le corps est là, comme attrapé ; les spectateurs sont dans l’œuvre d’art !

L’œuvre d’art devient leur miroir mettant en scène physiquement dans l’œuvre la présence du spectateur. 

En 2025, ORLAN réinterroge la peinture dans le contexte et les outils de création actuels. Elle s’empare du numérique pour imaginer de nouvelles manières de “peindre”.

L’IA générative lui permet de briser les barrières entre l’ancien et le nouveau, l’artisanat et les nouveaux médias. 

Elle présente ces œuvres sur écran réfléchissant en reprenant son principe de faire intervenir le corps de “l’autre”.

ORLAN, 2025.

Cet imaginaire est ré-activé par les plis Baroques et par le Bernin vu dans un voyage d’étude en Italie où ORLAN retient cette leçon du baroque qui ne nous demande pas de choisir entre le bien « ou » le mal comme le demande la religion judéo-chrétienne. Il nous montre la Sainte Thérèse du Bernin qui jouit de la flèche de l’ange dans une extase érotique “et” extatique. Lacan en a beaucoup parlé. 

ORLAN dès ces premiers travestissements avec les draps de son trousseau s’intéresse aux plis et a travaillé l’ombre et la lumière.

Elle a créé beaucoups de séries d’études de drapées, de photos de plis s’inscrivant dans l’étude documentaire : le Drapé-le Baroque. ORLAN met en scène des zooms de drapé en draps du trousseau reprenant très souvent des formes organiques, des courbes et contre courbes, des vulves…

En 2012, elle crée une série nommée Plis Mouvants où elle met en scène des drapés baroque réalisés par l’ordinateur dans la continuité de sa réflexion autour du Baroque. Cette série de 36 œuvres a été réalisée sous forme de tirage lenticulaire ce qui crée du mouvement et fait évoluer les plis en fonction des positionnement du corps du spectateur. 

En 2025, ORLAN affirme son processus en utilisant une IA générative pour créer de nouveaux plis et drapés baroques totalement exécutés par la machine et exposés sur écran. L’ancien et le nouveau, l’historique et le contemporain se rencontrent en brisant les murs de glace qui les séparent. 

ORLAN, 2025.

ORLAN a beaucoup voyagé dans sa vie pour comprendre le monde, pour lutter contre l’ethnocentrisme. Elle ne voyage pas en touriste mais en tant que chercheuse. Ces œuvres sont le fruit de ses études, de ses voyages, de ses remises en question. 

A l’aide de l’ordinateur, ORLAN s’hybride avec des sculptures, des photos, des tableaux d’autres civilisations qu’elle admire pour créer une nouvelle proposition, un nouveau type de beauté. Une hybridation, ce n’est pas juste 1 + 1, c’est l’idée que les forces de l’un et de l’autre ensemble font du plus, font une troisième force qui n’aurait pas existé sans les deux autres.

La première hybridation est le séquençage ADN d’une femme et d’un homme et toute notre vie on n’arrete pas de s’hybrider avec nos lectures, nos rencontres, notre vécu, nos changements d’environnement… 

En 2025, ORLAN réinterroge ce rapport à l’autre. L’autre a toujours tort d’être “autre”. Outre son exotisme séduisant, il nous renvoie à la crainte de l’inconnu.

Qui est l’autre dans notre société contemporaine ? Qui est cet être à découvrir, à rencontrer.

Le “moi” est une fiction fabriquée par les autres. 

ORLAN dit je “sommes” à la place de je “suis”. 

Elle s’hybride à ce que la machine est capable de générer. Un autre artificiel, qui n’existe que dans les pixels numériques.

Un corps humain s’hybride à un corps digital. Ceci est mon corps…ceci est mon logiciel.

Entre fiction et réalité, son référent est pour la première fois innommable : c’est le résultat d’un prompt, d’un algorithme car “au début était le verbe” !

ORLAN, 2025.

ORLAN crée des collages numériques très “abrupts” où elle insère des fragments de son visage : ses yeux exorbités, son nez de travers, son oreille à l’envers, ses bosses symboles de son émancipation et sa bouche qui hurle montrant ses dents prêtes à mordre pour que la colère s’exprime dans l’œuvre comme un instantané de cette prise de conscience où tout bascule du “subir” à Action !

ORLAN ne fait pas le procès de de Pablo Picasso ni de Dora Maar qui ne peuvent plus se défendre, elle parle aux femmes qui restent dans l’ombre : les inspiratrices, les modèles, les muses qui ont joué un rôle prépondérant dans la notoriété de nos grands maîtres. C’est une incitation à l’émancipation. ORLAN s’adresse aux femmes d’aujourd’hui qui s’effacent. Elle leur dit “cesser d’être des objets, devenez des sujets. Emancipez-vous, arrêtez de subir, arrêtez de pleurer. Parlez haut et fort. Faites-vous entendre et ayez quelque chose à dire, à défendre”. 

En 2025, ORLAN est inconsolable. Elle a l’impression que sa vie n’a servi à rien car après quelques avancées et espoirs, tout est en train de se refermer pour les femmes.

C’est pourquoi son manifeste est clair : cette série – en work in progress – ne sera pas clôturée tant qu’il y aura des femmes discriminées, harcelées, violées, battues, tuées… même post-mortem le protocole créer par ORLAN grâce à cette IA générative fera en sorte de perpétuer son combat et de faire en sorte que les femmes qui pleurent arrêtent de pleurer et se mettent en colère, que les femmes gagnent, que ce terrible “apartheid” cesse!

ORLAN, 2025.

ORLAN se représente travestie en vierge blanche et vierge noire en assomption sur un écran vidéo montrant les images numériques de notre époque tout en citant les sculptures en marbre du Baroque.

Dans cette série, ORLAN souligne qu’il n’y a pas dichotomie entre les images numériques actuelles et les images de sculptures de plis citant le Bernin.

Elle est en assomption sur de véritables matériaux de construction, des parpaings, tandis que le fond de l’oeuvre est constitué d’imitations de briques en plastique peintes en jaune, donc le vrai « et » le faux se côtoient sans s’opposer. 

En 2025, l’artiste met en perspective cette leçon en générant de nouvelles images par la machine qui confirme cette leçon du Baroque faisant se rencontrer l’ancien « et » l’actuel en montrant des temps différents dans le même espace.

La vierge blanche et la vierge noire sont drapées de skaï, un faux cuir qui, une fois éclairé, ressemble à du marbre et cite les drapés baroques. Elle manipule un certain nombre d’accessoires comme des croix blanches et des croix noires, des chevalets blancs et des chevalets noirs.

Elle a hybridé un vocabulaire religieux et un vocabulaire plastique profane pour mettre en évidence la sensualité sous-jacente de l’iconographie religieuse en prenant en compte la leçon du baroque qui ne nous demande pas de choisir entre le bien « ou » le mal comme le fait la religion judéo-chrétienne. Le Bernin nous montre la Sainte Thérèse qui jouit de la flèche de l’ange dans une extase érotique « et » extatique. Lacan en a beaucoup parlé et ORLAN a construit ses œuvres et ses réflexions théoriques sur ce « et ».

ORLAN, 2025.